mercredi 5 août 2015

~*~ "Et tu n'es pas revenu" de Marceline LORIDAN-IVENS



Quatrième de couverture :

« J’ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l’ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T’écrire m’a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m’enserre le cœur. Je voudrais fuir l’histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille. »

Publié aux éditions Grasset, le 04 Février 2015
112 pages
12,90 €


Mon avis :

Comment ne pas être émue par le témoignage d'une survivante d'Auschwitz?

Marceline LORIDAN-IVENS, juive, née en Mars 1928, a été déportée durant la seconde Guerre Mondiale aux côtés de son père, dans un des plus grands camps d'extermination du 3e Reich. Elle avait 15 ans. 

A 86 ans, elle témoigne à travers une lettre ouverte adressée à son père qu'elle aimait tant. Alors qu'ils étaient encore dans les camps, il avait réussi à lui faire parvenir un courrier, quitte à prendre d'énormes risques et ce geste d'amour l'a profondément marqué. Elle se rappelle de ces quelques mots : " Toi, tu reviendras peut-être parce que tu es jeune, moi je ne reviendrai pas." Comme une promesse faite à son père, elle s'est battue pour rester en vie.

En s'adressant à lui, elle raconte la maladie, la maltraitance, le travail acharné, l'obsession du nombre, la peur.

Elle raconte sa vie après la déportation : la perte de sa jeunesse, de son insouciance, ce travail de reconstruction quasi-impossible, la famille qui se désagrège avec le temps...

Elle raconte ce sentiment de sursis, la permanence des camps en elle, partout et même dans les situations les plus anodines.

Elle raconte aussi sa vie de femme, d'épouse, espérant, au fond, qu'il soit fier d'elle, fier du chemin accompli malgré l'horreur, fier des combats qu'elle a mené au cours de sa vie.

Elle raconte ce vide laissé par son absence, elle raconte son amour pour lui. Sachant plus ou moins dans quelles conditions il a perdu la vie et c'est difficile pour elle de continuer à mener une vie "normale" alors que son père n'est plus. Alors Marceline se bat et se surprend à vivre des choses qu'il aurait certainement aimé voir ou expérimenter de son vivant. 

Cette histoire a été écrite avec le concours de Judith PERIGNON et j'ai tout simplement adoré. Elle se lit rapidement, facilement et je vous invite à vous plonger également.  
J'ai eu le sentiment que Marceline écrivait ses mémoires et faisait, par ce biais, le bilan de sa vie. L'émotion, les sentiments y sont bien retranscrits et cela m'a beaucoup ému. J'ai beaucoup de respect et d'empathie pour cette grande dame, pour la résilience dont elle a su faire preuve. Sans tomber dans le pathos, c'est important de ne pas oublier cette partie de l'histoire pour que cela ne se reproduise plus.


Citations marquantes :

- "Je ne t'ai jamais confié, je crois, ce que j'ai gravé alors au mur de ma cellule à Sainte-Anne. "C'est presque un bonheur de savoir à quel point on peut être malheureux." Je ne sais pas ce qu'en ont pensé les détenus qui ont pris ma place ensuite, ceux de la guerre, comme ceux de la paix, s'ils étaient d'accord ou pas, s'ils comprenaient ce que ça voulait dire. [...] Mais je l'ai redite cette phrase en après la guerre, malgré la suite, la peur du gaz, les crématoires, les cicatrices indélébiles sur mon corps et dans ma tête, je l'ai redite plus clairement encore : Je t'aimais tellement que j'étais heureuse d'être déportée avec toi. Et je peux la redire encore. Car avec le temps, l'ombre des camps sur ma vie se confond avec ton absence. Et c'est d'avoir vécu sans toi qui me pèse." 

- "Les objets avaient déserté nos vies, ils formaient des hangars où nous travaillions, les objets appartenaient aux morts, nous étions les esclaves, nous n'avions qu'une cuillère coincée dans une couture, une poche ou une bretelle et un lien autour de la taille, un bout de tissu arraché à nos habits ou une fine corde trouvée par terre, pour y attacher notre gamelle."

 - "Mais je te parle d'un temps que tu n'as pas connu. Imagine le monde après Auschwitz. Quand la pulsion de vie succède à la pulsion de mort. Quand la liberté retrouvée contamine la planète entière et décrète de nouvelles batailles." 


Et vous? L'avez-vous lu? Qu'en avez-vous pensé?
N'hésitez pas à partager votre avis avec moi en commentaires. 

6 commentaires:

  1. Je l'ai lu également et ai été très touchée par Marceline et l'amour qu'elle portait à son Papa.
    C'est un très beau témoignage
    Gros bisous ma belle

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    1. Oui magnifique témoignage ! Je suis très heureuse de cette découverte.
      Gros bisous ma belle

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  2. Témoignage très touchant que tout le monde devrait lire. Pour ma part je ne l'oublierai pas de si tôt, c'est sûr ! Bises

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    1. Je suis tout à fait d'accord. En plus, il est accessible, pas trop dur ni trop long. C'est une très belle lecture !
      Bisouus

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  3. Je ne connaissais pas du tout mais il me fait très envie ! J'aime beaucoup lire des témoignages qui se rapporte à cette période de l'histoire.

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    1. Tu ne le regretteras pas alors, c'est une lecture fort agréable ;-).
      Bises !

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