Quatrième de couverture :
"Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une oeuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : "C'est toute ma vie." Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, "Charlotte" est le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche".
224 Pages
18,50 €
J'étais très
enthousiaste à l'idée de découvrir ce nouvel ouvrage de David Foenkinos parce que
j'aime beaucoup la plume de cet auteur. Savoir qu'il a reçu le Prix Goncourt
des Lycéens et le Prix Renaudot pour l'année 2014 n'a fait qu'attiser ma curiosité et
je ne regrette absolument pas cette découverte. J'ai été extrêmement touchée
par la vie de Charlotte Salomon et j'ai ressenti une vive émotion en
refermant ce livre.
David Foenkinos réalise cette biographie romancée, en hommage à Charlotte qui le fascine
tant. Il met en lumière sa vie - pas toujours évidente - et son talent inné
pour la peinture.
Elle grandit dans une famille aisée de la communauté juive berlinoise et a neuf ans
lorsqu'on lui annonce le décès de sa mère. Son entourage prétend qu'elle n'a
pas survécu à mauvaise grippe, alors qu'en réalité, elle a mis fin à ses jours. Charlotte a
donc grandi dans un univers familial plutôt morose - oui, ils étaient nombreux souffrir de bipolarité autour d'elle - et en pleine période de nazisme de surcroît. Très vite, on s'aperçoit qu'elle est douée pour la peinture et
elle a la chance d'intégrer l'académie des beaux-arts de Berlin où elle
commence à étudier l'art. Elle doit malheureusement abandonner ses études car
l'antisémitisme était devenu trop pesant.
David Foenkinos s'est beaucoup documenté sur la vie de Charlotte. La narration
se fait à la 3ème personne et tout est factuel. La mise en page est
particulière, on pourrait penser à un poème en prose (oui je me suis
surprise à chercher des métaphores puisqu'il n'y a pas de rimes...), mais il ne fait qu'aller à
la ligne à la fin de chaque phrase pensant devoir retranscrire le fruit de ses recherches ainsi. Il le dit d'ailleurs dans le livre:
"J’ai tenté d’écrire ce livre tant de fois.
Mais comment ?
Devais-je être présent ?
Devais-je romancer son histoire ?
Quelle forme mon obsession devait-elle prendre?
Je commençais, j’essayais, puis j’abandonnais.
Je n’arrivais pas à écrire deux phrases de suite.
Je me sentais à l’arrêt à chaque point.
Impossible d’avancer.
C’était une sensation physique, une oppression.
J’éprouvais la nécessité d’aller à la ligne pour respirer.
Alors, j’ai compris qu’il fallait l’écrire ainsi."
Je
trouve le pari audacieux et je souligne l'originalité. Foenkinos privilégie les phrases courtes
ce qui donne un rythme à la lecture. La forme est simple, linéaire, épurée, on
suit chronologiquement le destin de cette femme mais il parvient pourtant à nous
faire ressentir de fortes émotions, celles que Charlotte a dû éprouver au
cours de sa vie à savoir, la tristesse, le désarroi, l'angoisse mais aussi
l'amour...
Je suis toujours touchée par les témoignages liés à la seconde guerre mondiale. Je pense que c'est vital de connaître cette partie de l'histoire, de continuer à se documenter pour se souvenir et faire en sorte que cela ne se reproduise plus.
Bref, Foenkinos
a réussi à m'émouvoir, à me donner envie de connaître l’œuvre de Charlotte,
maintenant que je connais mieux sa vie, maintenant que je sais ce par quoi elle
est passée.
Je vous recommande donc chaleureusement cet ouvrage, qui à mon sens mérite pleinement toutes ces récompenses. J'avoue avoir fait quelques recherches rapides sur la vie de l'artiste avant de me plonger dans cette lecture et je vous conseillerais d'en faire de même.
Je vous laisse avec un auto-portrait de Charlotte Salomon...
... et quelques unes de ses œuvres qui ne m'ont pas laissée indifférente.
Citations marquantes :
"Il ne faut rien attendre de moi.
Est-ce que tu m'entends?
Charlotte hoche doucement la tête.
Si l'on me brusque, je ne peux rien donner.
Je ne supporte pas l'idée d'être attendu quelque part.
La liberté est le slogan des survivants.
Alfred pose une main sur la joue de Charlotte.
Avant de dire : merci.
Merci pour tes dessins.
Ils sont naïfs, approximatifs, inaboutis.
Mais je les aime pour la puissance de leur promesse.
Je les aime car j'ai entendu ta voix en les regardant?
J'ai ressenti une forme de perte et une incertitude aussi".
Pour aller plus loin :
Je vous invite à regarder cette vidéo de David Foenkinos a réalisé pour la librairie Mollat. Il nous parle de sa "rencontre" avec Charlotte, de ce sentiment profond d'être liée à elle et on comprend pourquoi il a voulu lui rendre hommage.
Et vous?
L'avez-vous lu?
N'hésitez pas à partager votre avis avec moi en commentaires.